La Guerre (Война)

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Война — «Кино», 1988
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Montre-moi les personnes qui ont confiance en l’avenir,
Dessine-moi les bonhommes qui tombent en l’attendant,
Montre-moi le seul survivant d’une brigade brûlée,
Mais quelqu’un s’ra la porte, quelqu’un s’ra la serrure
pour laquelle quelqu’un s’ra la clé.

Le ciel. La terre.
Et, entre ciel et terre, la guerre !
Qu’importe où tu vas,
Quoi que tu fasses,
Mais, entre ciel et terre, la guerre !

Quelque part il y a les gens qui patientent et agissent,
Quelque part il y a les gens qui ont des filles et des fils,
Quelque part il y a les gens dont les vides sont comblés,
Mais quelqu’un s’ra le mur et quelqu’un s’ra l’épaule
qui ira le faire trembler.

Le ciel. La terre.
Et, entre ciel et terre, la guerre !
Qu’importe où tu vas,
Quoi que tu fasses,
Mais, entre ciel et terre, la guerre !

Покажи мне людей, уверенных в завтрашнем дне,
Нарисуй мне портреты погибших на этом пути,
Покажи мне того, кто выжил один из полка,
Но кто-то должен стать дверью, а кто-то — замком,
а кто-то — ключом от замка.

Земля. Небо.
Между землей и небом — война!
И где бы ты ни был,
Что б ты ни делал,
Между землей и небом — война!

Где-то есть люди, для которых есть день и есть ночь,
Где-то есть люди, у которых есть сын и есть дочь,
Где-то есть люди, для которых теорема верна,
Но кто-то станет стеной, а кто-то — плечом,
под которым дрогнет стена.

Земля. Небо.
Между землей и небом — война!
И где бы ты ни был,
Что б ты ни делал,
Между землей и небом — война!

Montre-moi les gens qui ont confiance en l’avenir,
Dessine-moi les portraits de ceux qui ont tombés sur cette voie,
Montre-moi le seul survivant d’un régiment,
Mais quelqu’un doit devenir la porte, quelqu’un doit devenir la serrure
et quelqu’un doit devenir sa clé.

La terre. Le ciel.
Entre ciel et terre, la guerre !
Et où que tu sois,
Quoi que tu fasses,
Entre ciel et terre, la guerre !

Il y a quelque part les gens qui ont le jour et la nuit,
Il y a quelque part les gens qui ont un fils et une fille,
Il y a quelque part les gens pour lesquels le théorème est vrai,
Mais quelqu’un deviendra le mur, et quelqu’un deviendra l’épaule
qui ira le faire trembler.

La terre. Le ciel.
Entre ciel et terre, la guerre !
Et où que tu sois,
Quoi que tu fasses,
Entre ciel et terre, la guerre !

La chanson a été écrite et interprétée par Victor Tsoï, une légende du rock soviétique, en 1988. Il restait encore un an jusqu’à la fin de la guerre d’Afghanistan et deux années jusqu’à sa mort à 28 ans. Cependant, Tsoï n’a jamais confirmé qu’il parlait d’une guerre spécifique. « C’est abstrait », disait-il aux journalistes.

Moi non plus, je ne voyais que des métaphores dans ses œuvres dont celle-ci — jusqu’au début de la guerre en Ukraine qui a bouleversé ma vie et celle de mes proches. Le lendemain, je réécoutais ses chansons qui ressemblaient désormais aux dernières actualités plutôt qu’aux paraboles philosophiques.

Et c’est avec ces pensées que j’ai traduit La Guerre trois jours plus tard. Il est peut-être un peu naïf d’opposer l’art à l’arme, mais chacun fait ce qu’il peut.